Ernesto Wyne était un luthier,
Son travail était vénéré tellement ses violons étaient beaux.
Il vivait aux abords d’Orzaal il y a une cinquantaine d’années.
Tout le monde l’adorait, c’était un vrai papy gâteau.
Il transmettait son savoir ainsi que les contes et histoires d’antan
A travers de petits spectacles de jeux de lumières destinés aux enfants
Qu’il organisait une fois par semaine, à la saison des feuilles vertes.
Pour cela il tendait devant sa maison un grand drap blanc et par ses fenêtres ouvertes
Il laissait ou non passer la lumière des bougies pour créer des mondes fantastiques
Peuplés de bêtes étranges et de personnages héroïques.
Petits et grands se réunissaient ainsi le soir
Pour écouter le sage, chanter et boire
Car accompagné de ses violons, magiques instruments,
Il faisait durer la fête indéfiniment.
La fin de sa vie approchant Ernesto voulut dire au revoir
A tous ceux qui avaient soif de ses histoires.
Il donna alors une dernière représentation
Lors d’un soir d’Ondéale au clair de Lune.
Les villageois avaient fait un festin de citrouilles et de potirons
Puis s’étaient assis en cercle sur la terre brune.
Les restes de citrouilles avaient été creusés
En autant de visages inquiétants
La lumière des bougies sortaient pars leurs yeux rusés
Et leurs sourires maléfiques garnis de dents.
Car le thème de la soirée était bien la peur
Car la mort pour le vieillard était sa plus grande frayeur.
Représentée de mille façons par des monstres vils
Tout droit sortis de son imagination fertile,
La mort était partout mais le public riait,
L’histoire malgré tout était drôle et les enfants souriaient,
La soirée avait été phénoménalement réussie.
Et c’est ainsi que le vieux Wyne finit sa vie.
Il se présenta à la fin du spectacle devant la foule
Sur le pas de sa porte nimbé d’un halo de lumière,
Il fit un discours porteur d’espoir et une prière,
Celle de ne jamais être oublié, et il fut exaucé,
Cette dernière image de lui fut à jamais dans leurs cœurs attristés.
Au loin on entendit un bruit de tonnerre qui roule,
La nuit fut orageuse mais le matin lumineux,
On l’enterra avec tous les honneurs des dieux.
Et chaque année en sa mémoire on donna une fête,
Le 31 d’Ondéale, des citrouilles plein la musette,
On se réunissait parfois sous une pluie fine
Pour célébrer la fête du Halo d’Wyne.