"THADDEUS ; ESPÈCE D’ENFOIREEEEE !

Je me retournai juste à temps pour prendre une botte dans la mâchoire. Je vis, comme au ralenti, une dent s'envoler hors de ma bouche, suivie d'un discret filet vermillon. Puis le temps reprit ce qui était sien, et je me retrouvai propulsé à terre, sur le côté, l'oreille sifflante. Et comme si je n'avais pas déjà assez mal, une vive douleur apparut soudain au creux de mon aine. Le coup de Lucyll était faible, mais bien porté. J'entends, comme étouffé par une lourde porte :

-Tu voulais un coup en traitre Thadd' ?!

Aaaaah, alors ce serait ça... Je serais jugé, et condamné pour avoir suivi la règle du jeu. Et de façon non violente, qui plus est! Pourquoi être surpris? Après tout, n'était ce pas ce qui arrivait à chaque fois? Mes brins d'audace, mes soupçons d'initiative et de courage, ils finissaient comme moi : recroquevillés par terre, gémissants de douleur. Je me mis péniblement à genoux, et ouvrai les yeux vers mes deux adversaires, elle déjà debout et prêtes à en découdre. Pas cette fois. Ni Lucyll ni l'Amy ne l'empêcheront. Cette fois... c'est MOI qui GAGNE....

Mais soudain, je sens un bras qui me relève et m'entraîne violemment en arrière. La Tigresse. Je pensais "Non! Non!! Pourquoi nous fait elle fuir??" Tiré en arrière par elle, j'eus l'occasion de voir ce qu'elle seule avait remarqué. Pensant halluciner, je dit très posément :

-Vous vous foutez de ma gueule?

Le tonneau volant s'écrasa avec force contre sa cible, projetant une jerbe de bière tout autour de lui.

Esquive (merci ô grand Meujeu!):

Je me redresse d'un bloc sur mon lit en désordre, poussant un cri étouffé, presque un gémissement, de toute la force de mes poumons. J'ai le souffle court. Je halète. Je m'assoie sur le bord du lit et me frotte les yeux. Il fait encore nuit. Je décide de descendre à la cuisine pour prendre un verre de... de quoi que ce soit en fait. L'aller retour me fera du bien.

J'ai fait un rêve... Non, plutôt un cauchemar. Nous étions tous forcés à nous battre les uns contre les autres, et il y avait cette femme et... de la bière? C'est un peu brumeux dans mon esprit, mais je me souviens m'être battu, je me souviens de la douleur, je me souviens d'un fort sentiment de culpabilité.

Je ne me sens pas très bien.

Je remonte dans ma chambre, titubant légèrement de sommeil. Cette nuit est la première où je dors depuis un peu plus de quatre jours. Mon rythme nycthéméral doit être complètement fichu. Ce doit être pour cela que j'ai fait un si mauvais rêve. Peu importe, ça ira mieux après deux ou trois nuits correctes.

Je tente vainement de remettre un peu d'ordre au capharnaüm qui me sert de lit. Je dépose livres et notes au sol, moins rangés encore que quand ils étaient sur le matelas. Je jette les vêtements en boule dans la penderie. Mais alors que je tends les bras pour retendre un peu les draps, une vive douleur me traverse au niveau des côtes. Je m'arrête et, par réflexe, je porte la main à l'origine de ma douleur. Seulement, la pression exercée par ma main ne fait que l'empirer. Ce n'est pas une géhenne, mais ça reste très désagréable. J'enlève d'un geste ma chemise, et me dirige vers la fenêtre, pour profiter de la lumière de la lune.

Une large brûlure superficielle couvre la quasi totalité de mon côté droit.

Fin