Amy écoutait les idées de Kupo avec attention mais toutes ces propositions étaient vraiment des idées de barbares. Sur un territoire inconnu et en infériorité numérique, les possibilités étaient réduites. Dans ce genre de situation, il faut d’abord s’approprier le terrain et frapper de l’intérieur.
La tueuse avait remarqué depuis un moment que le demi-elfe s’était tourné vers elle pour entendre sa réponse et commença à proposer le plan qu’elle semblait le plus adapté à la situation.

_ Attaquer de front ne servirait à rien. Avant de mettre à sac un repère de bandit, il nous faut récolter des informations sur le terrain, alors voilà ce que je vous propose : On se fait passer pour des bandits, on entre dans le repère et on cherche d’éventuels renseignements sur ce village maudit. Après avoir trouvé ce qu’on cherche, nous utiliserons ceci.

Amy sortit en même temps de son sac trois fioles remplies de liquides plus que suspects.

_ Ils ont forcément une réserve d’alcool, il nous suffira de vider ces fioles dedans. Avec un peu de chance ils seront tous K.O. en moins d’une heure avec ça. Le problème ce serait de passer les gardes de l’entrée et il faut également prévoir l’éventualité qu’on se fasse démasqué à l’intérieur. Il est donc nécessaire que l’un d’entre nous reste dehors pour veiller et rester avec le gringalet.  

« Alors Kupo est le genre de personne droite et fière jusqu’au bout de l’épée ? Intéressant… »  

Amy serra les dents en soutenant son regard face au barbare qui n’avait pas apparemment pas l’intention de plier. Leur petit jeu de regard fut cependant de courte durée. Perdant patience pour une chose qu’elle considérait comme totalement inutile, la tueuse se mit à ricaner rangeant deux de ses fioles dans son sac pour n’en garder qu’une seule en main. Elle tendit alors sa main vers le visage du barbare pour que la fiole se retrouve pile sous son nez.  

_ Je n’ai jamais dit que c’était du poison. Sourit-elle finalement avant de ramener le flacon à elle. Petite démonstration !

Elle déboucha la fiole d’un mouvement de pouce tout en attirant à elle le nouveau membre temporaire de leur petite équipe. Celui-ci lâcha un cri de protestation avant de se retrouver avec le goulot du flacon dans la bouche. Amy lui fit avaler la moitié du liquide translucide avant de de reboucher et de le ranger.
Le gringalet toussa légèrement, étranglé sans doute par cette beuverie forcée. Puis il se redressa comme un piquet, avant de s’effondrer sur le sol et de se mettre à ronfler presque aussi fort que le barbare lors de leur dernière soirée.

_ Je ne dors pas la nuit et c’est Udjinn qui me confectionne ces somnifères. Malheureusement, ceux-là ne marche pas très bien sur moi, mais contre des bandits je suppose que ça fera l’affaire. Le feu est imprévisible, incontrôlable ; je ne veux pas prendre le risque éventuelle de notre propre mise en danger. Si c’était un campement à ciel ouvert je ne dirais pas non, mais dans une grotte ce serait prendre trop de risque pour peut-être rien. Nous ne sommes même pas sûrs de ce que l’on va trouver là-bas.

Amy se tourna alors vers Glenderin, qui n’avait rien dit jusque-là.  

_ Si nous sommes tous d’accord sur l’infiltration, il faut désormais décider lesquels d’entre nous vont y aller. Nous ne pourrons pas y aller tous les trois.

Non mais qu’est-ce qu’il fabrique cet idiot de barbare ivrogne !?!

Amy n’en revenait pas. Le barbare voulait faire de l’improvisation ? Parfait ! Mais qu’il ne comptait pas sur elle pour faire la fille de joie planquée avec lui dans les buissons !

La tueuse rangea vite ses fioles dans sa besace en baragouinant quelques jurons étouffés au passage et commença à retirer quelques agrafes de son haut, tout en s’ébouriffant les cheveux. Elle se tourna ensuite vers Glenderin :

_ Qu’est-ce que tu fabriques ? Chuchota-t-elle vivement. On va y aller tous les trois, débringue toi un peu et fait bandit ! GROUILLE !

Amy passa ensuite une main dans la terre et la plaqua sur son visage et s’en badigeonna les mains (aller comprendre pourquoi les brigands ne se lavent jamais ?!). Elle s’inspecta une dernière fois et s’assura que la ceinture qui mettait en évidence ses dagues soit bien visible et sortit de leur cachette en direction de l’entrée de la grotte en gueulant.

_ KUPO ! S’pèce de crétin décérébré ! Tu vas ramener ta sale gueule d’ivrogne dehors ! Il n’est pas question qu’tu vois l’boss dans ton état ! KUPO !

Puis elle se retourna en direction de leur dernière cachette sans vraiment la fixer pour appeler Glenderin, en espérant que les gardes de l’entrée arrivent à gober leur cinéma.

_ Eh ! Glend’ ! Il te faut une invitation ?! Je t’avais bien dit qu’elle était là, la fête ! Mais évidemment personne ne m’écoute ici ! Il faut prendre à droite au croisement continuer jusqu’au prochain village ? Tu parles ! Maintenant on a l’air fin en arrivant avec un retard monstre et entre un barbare de mes deux qui n’a pas pu s’empêcher d’aller se saouler avec notre réserve et un couard d’elfe qui n’a pas le sens de l’orientation !

Amy minauda en passant sa besace par-dessus son épaule.

_ C’est à se demander comment on a réussi notre dernière prise...

Cette salle était immense et cette statue en or était aussi tape à l’œil, que de mauvais goût. Si ce repère de bandit était permanent, Amy se fit la promesse de revenir leur dérober deux ou trois babioles sympas.

La jeune femme secoua la tête. Mais qu’est-ce qu’elle racontait ! Si elle revenait ici, elle prendrait ABSOLUMENT TOUT ce qui se trouve dans cette pièce. Il y avait beaucoup d’armes en bon état à revendre là-dedans ! Amy se voyait déjà avec des montagnes de pièces d’or déborder de ses coffres. Un vrai Jackpot ! Et ça apprendrait à ce chef de bandit prétentieux qui est la plus grande voleuse et assassin de la région !

Amy survola du regard les armes entassées dans la grotte et ne trouva rien de vraiment à son goût. Une épée peut-être ? Mais elle avait déjà son katana. Une masse ? Pas évident à manier. Un arc ? Un marteau ? Une lance ? Des lames rétractiles qu’on attache aux poignets…?

_ Euh….QUOI ?!

Amy hurla d’enthousiasme quitte à ameuter toute la troupe de bandit. Là, au sommet d’un entassement de morceau d’armure, la tueuse discerna ce qu’elle prit tout d’abord pour un gant ordinaire. Mais il s’est avéré ce qu’elle voyait, était en réalité trois lames fines et aiguisées, reliées entre elles par une manche de cuir qui recouvrait l’avant-bras. L’assemblage était sommaire, mais Amy était persuadée de l’améliorer suffisamment pour obtenir quelque chose de VRAIMENT très utile.

La jeune femme rangea sa trouvaille dans sa besace. Que pouvait-elle dénicher d’autre ? Un peu de corde près de la statue ? Toujours utile !
Et c’est avec ces nouvelles découvertes et l’idée de revenir « faire ses courses » dans cette caverne, qu’Amy rejoignit le barbare et Glenderin, parés au combat.

_ De gros bourrins ces deux-là. Minaudait Amy sous sa capuche.

Cacher son visage lui était venu à l’esprit comme un déclic. Il n’y aurait sans doute aucun survivant, à en croire l’attitude sauvage du barbare, mais dans le doute de croiser quelqu’un qui puisse la reconnaître, elle l’avait fait pour éviter tout problème.

Efficacité, précision et avec des entailles bien nettes. Amy avait fait prendre l’air à son Katana et le regrettait de ne pas l’avoir fait plus tôt. Cette lame était d’une légèreté et d’une maniabilité déconcertante. Ça changeait de ces lourdes épées et arbalètes qu’elle maniait régulièrement. Un peu de changement ne fait jamais de mal !.....enfin….pour la personne qui porte l’arme bien sûr !

La tueuse esquiva l’attaque d’un brigand et trancha sa gorge d’un geste vif. Se préparant à la prochaine attaque elle estima le nombre des ennemis restants, sans vraiment trop y croire vu la vitesse à laquelle Kupo et Glenderin les annihilent.